Pages de texte
Décision n° 158

Sur proposition du ministre de la Guerre, le président du Gouvernement Provisoire de la République Française, chef des Armées cite :

A L'ordre de l'Armée

Le 1er groupe de tabor marocains.

Sous l'énergique impulsion de son chef, le colonel LEBLANC Georges, n'a cessé d'être sur la brèche en Tunisie, en Italie, en France. En Tunisie, ses exploits dans le Ghidich, le Boufus et le Safrouf lui valent une renommée légendaire. En Italie, au cours des opérations offensives de mai et de juin 1944, du Garigliano à la plaine de Rome puis jusqu'à Sienne, cette unité d'élite, toujours à l'avant garde, refoule l'ennemi par une série de manœuvres audacieuses et de nombreux combats victorieux. Dès son débarquement en France, poussé à marches forcées au nord de Marseille, il est engagé dans la bataille le 22 août et, après deux jours de combats, fait sauter le verrou de Marseille. Se heurtant constamment à une défense acharnée, il poursuit malgré des pertes sévères, la conquête de vive force des ouvrages de la Gavotte, du Moulin du Diable, de Tante Rose, qui constituent la dernière ligne fortifiée couvrant les batteries de côtes allemandes, cependant qu'il achève l'encerclement de la ville de Marseille en la débordant à l'ouest et en investissant les ouvrages du Rove. De ce fait, il oblige le commandant allemand du secteur à capituler avec toutes les forces relevant de son commandement. Durant cette période, il occasionne des pertes sanglantes à l'ennemi tout en s'emparant de 5402 prisonniers, d'un butin considérable, perdant lui-même 281 hommes dont 27 officiers et sous officiers (Un groupe de tabor compte un peu moins de 300 hommes).

Le 2ème groupe de tabors marocains.

Unité marocaine de la plus haute valeur guerrière, déjà citée à l'ordre de l'Armée en Tunisie et en Corse. Sous les ordres du Colonel BOYER DE LATOUR, s'est signalée à l'Ile d'Elbe, en réussissant dans des conditions extrêmement difficiles, un débarquement sur une côte fortifiée et puissamment défendue. Malgré de lourdes pertes, a pris une part importante à la conquête de l'île, faisant plus de 600 prisonniers.
S'est montrée, en France, à la hauteur de son brillant passé. Débarquée le 20 août 1944 sur une dizaine de plage différentes dans la région de Saint Tropez, et engagée dès le lendemain à 120 km de là, devant Aubagne, a enlevé la ville en moins de deux jours d'une lutte sévère et meurtrière. A poussé ensuite sans désemparer sur Marseille, forçant du 23 au 28 août les défenses des faubourgs de la cité qui lui étaient opposées, et conquérant successivement, par une série de manœuvres hardies et d'assauts allant jusqu'au corps à parps, Saint Marcel, Saint Loup, la chaîne de Saint Cyr, le Roucas Blanc, le parc Borély, Endoume, la Malmousque et le fort Saint Nicolas. En huit jours de combat a fait 4009 prisonniers, dont un général, trois colonels et 104 officiers.

Fait à PARIS, 1944. Charles de Gaulle.

 

Décision n° 278

Sur proposition du ministre de la Guerre, le président du Gouvernement Provisoire de la République Française,chef des Armées cite :

A L'ordre de l'Armée

Le 2ème bataillon du 6ème régiment de tirailleurs marocains.

Splendide unité qui avait déjà fait ses preuves pendant la campagne d'Italie et qui vient d'accomplir un exploit magnifique en enlevant de haute lutte le Haut du Faing.
Sous le commandement du chef de bataillon FRANCO puis, après la blessure de celui-ci du capitaine COTHIAS, s'est porté rapidement sur son objectif malgré un terrain abrupt et de nombreuses résistances ennemies. Parvenu au sommet du Haut de Faing, a été en butte pendant quatre jours à des contre attaques importantes allant jusqu'au corps à corps, à des tirs massifs de mortiers et d'artillerie, à des feux d'écharpe de mitrailleuses et d'automoteurs. Malgré l'extrême fatigue de tous, des pertes sévères et les souffrances physiques dues à une pluie incessante, s'est cramponné farouchement sur le terrain conquis sans en perdre un pouce et a organisé sous le feu violent de l'artillerie un point d'appui solide que l'ennemi, après avoir subi lui-même de lourdes pertes, a renoncé à reprendre à ce bataillon ; a rempli ainsi intégralement la mission qui lui avait été confiée, donnant une fois de plus la preuve de qualités manœuvrières de premier ordre et d'une "trempe" exceptionnelle.

Le 2ème groupe de tabors marocains

Magnifique groupe de tabors qui, après s'être couvert de gloire en Tunisie, en Corse, à l'Ile d'Elbe, à Marseille, s'est de nouveau distingué sous le commandement du Colonel Boyer de Latour au cours des durs combats livrés sur le front des Vosges par la 3ème DIA du 5 au 20 octobre.
Engagé du 5 au 17 octobre dans la forêt de Longegoutte et dans la vallée de la Moselle, afin de dégager des unités séparées de nos gros par une violente contre attaque, il se lance à l'assaut avec sa fougue habituelle. Dans de furieux corps à corps, il s'empare de la ligne des crêtes dominant au nord Ferdrupt. Simultanément, appuyé par un détachement blindé, il atteint les lisières de Ramonchamp. Engagé de nouveau dans la région de Saulxures, il a rejeté l'ennemi du Droit de Cornimont et , malgré des tirs violents et précis de l'artillerie et des mortiers ennemis, dévale les pentes de la Moselotte, franchit cette rivière en amont de Cornimont, nous assurant ainsi la base de départ indispensable à la conquête du Haut du Faing. Ayant perdu la moitié de ses officiers au cours des combats de Marseille et des Vosges, n'en a pas moins maintenu jusqu'au bout son ascendant sur l'ennemi, infligeant à celui-ci des pertes extrêmement sévères. Les présentes citations comportent l'attribution de la Croix de Guerre avec palme.

Fait à Paris, le 8 janvier 1945. Charles De Gaulle.